Le Père Jean Fréchet est arrivé à Grenoble en août 1962. Il s’est installé à côté de la chapelle de Beauvert, puisque la construction de l’église Saint-Paul n’était pas terminée.
Très vite, il s’est occupé des jeunes et a créé pour eux un journal, Journal des jeunes, qui est devenu Le Déclic, puis La Station.
Dans les années 1963-1964, il y avait, dans le quartier des Alpins, un bidonville important où vivaient sans eau ni électricité, dans le froid et peu de nourriture des africains, des algériens, des familles avec enfants, des SDF.
La première action du Père Fréchet et des bénévoles de Saint-Paul a été de leur apporter un peu de bien-être : couvertures, nourriture, alcool à brûler pour le chauffage.
Et ensuite de trouver des solutions pour loger ces personnes.
L’accueil par Saint-Paul des « sans-papiers », des « sans-abris », des exclus démarrait.
Logement dans des caravanes et des camping-cars autour de l’église, en appartements, à l’hôtel, grâce à un appel à dons.
Une distribution de nourriture a été instaurée, dans le sous-sol de l’église, une fois par semaine. Les denrées alimentaires provenaient des surplus des grands magasins, récupérées par des bénévoles.
Les fermes de Le Passage, village natal du Père Fréchet, fournissaient également des produits, ainsi que la ferme achetée par l’association à Miribel-Lanchâtre ; ces fermes permettaient aussi, à certaines personnes hébergées de travailler et de « prendre un bol d’air ».
Un restaurant social a également été ouvert au 51, rue de Stalingrad à Grenoble, à un coût très modique ou gratuitement, pour servir des repas chauds aux SDF, aux demandeurs d’asile, aux étudiants étrangers sans ressources.
Cette lutte contre la misère et son charisme dépasse les frontières.
Le Père Fréchet avait aussi accueilli Mauricio, un jeune étudiant péruvien qui voulait aider le grand bidonville d’Areiquipa, au Pérou. Sa sœur, religieuse était déjà arrivée sur place.
Le Père Fréchet a eu confiance et en 1986, il a créé l’Association franco-péruvienne avec Mauricio qui repartait au Pérou, après avoir obtenu son doctorat d’économie.
Grâce à cette nouvelle association, l’eau et l’électricité ont été installées dans le bidonville. Puis la construction d’un hôpital (Hôpital Jean-Fréchet), avec un restaurant, la mise en place d’un bus pour visiter les malades à domicile, une crèche et également une école maternelle.
Cette association est toujours très active au Pérou et très récemment encore pour apporter de l’aide aux personnes victimes des inondations.
Voici ce qu’écrivait le Père Fréchet à la fin de sa vie, en octobre 2006 :
45 ans de lutte contre la misère et l’exclusion et de marche avec les Pauvres, à leur côté, m’ont tué. Petit à petit, j’ai tout perdu. Ma vie, ma santé, mes forces mon argent. Je n’ai plus rien ! Je suis ruiné .
J’ai tout perdu, mais j’ai peut-être tout gagné.
Car désormais je suis un homme libre. J’ai gardé la Foi. De toutes façons, j’irai jusqu’au bout de ce combat, quoi qu’il arrive et qu’en soient les conséquences.